Retour sur un bilan nécessaire
Pour ouvrir ce séminaire, Julien Thorel, enseignant chercheur et doyen pour la faculté des études internationales et interculturelles de CY Cergy Paris Université a rappelé l'importance d'organiser un bilan des actions et de la situation Allemande.
Premièrement parce qu’il y a un an quasiment jour pour jour, le monde assistait à la chute du premier gouvernement tripartite de l’histoire de la République fédérale, donc depuis 1949. C’est un événement qui peut paraître anodin aux Français en 2025 mais cet « échec » porte en lui les limites de la culture du compromis tant idéalisée de ce côté du Rhin et montre aussi que la recherche d’un compromis politique n’est pas une évidence, voire est parfois impossible.
Le 23 février dernier, les élections législatives anticipées qui ont découlé de la démission du gouvernement feu tricolore emmené par Olaf Scholz le 6 novembre 2024 ont révélé :
- la prédominance de plus en plus fragile des grands partis traditionnels, chahutés en leurs flancs extrêmes par l’AfD et le mouvement BSW,
- les limites des discours populistes qui ne profitent pas inévitablement à ceux qui les tiennent. Ces thématiques seront traitées en ce début de journée par le professeur Dominique Herbet, venue spécialement de l’Université de Lille, et moi-même dans le premier panel.
Deuxièmement parce que l’Allemagne, sur la voie de l’unification interne, dans le contexte de la mondialisation et d’une Europe elle aussi sur la voie de l’unification après l’ouverture des frontières, a fait face à de nombreux défis d’ordre politique, économique et social. Qualifiée au tournant des années 2000 d’« homme malade de l’Europe », la puissance économique et commerciale a beaucoup impressionné, y compris en France au point que certains ont aspiré à appliquer certains pans du « modèle allemand » à la France. Ce dernier connaît pour autant de grandes difficultés, dans le sillage des tensions géopolitiques et géoéconomiques mondiales : les suppressions d’emplois massives par les grands groupes industriels allemands interrogent en effet sur la résilience du site industriel allemand et, lié à cela, de son modèle économique et social.
Le rôle de l'Allemagne sur l'échiquier politique international
La traditionnelle politique de la retenue (Kultur der Zurückhaltung) a manifestement fait long feu, même si l’on constate une attitude beaucoup plus engagée, voire volontariste de l’Allemagne sur la scène mondiale. Amorcé par le chancelier Scholz dans le sillage de l’éclatement de la guerre russo-ukrainienne, le changement d’époque (Zeitenwende ou Epochenbruch) prend une forme plus marquée avec le gouvernement de Friedrich Merz, que ce soit dans le cadre du conflit en Ukraine, dans le cadre de la politique de sanctions à l’égard de la Russie ou encore dans le discours moins complaisant face à la politique du gouvernement israélien.
Un panel d'expertes et d'experts
Tout au long de la journée, les enseignantes et enseignants chercheur de CY AGORA ont fait part de leur expertise et leurs recherche à l'audiance, accompagnés d'invités tels que :
Monsieur Hans Stark, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne
Monsieur Nicolas Téterchen, Doctorant à CY Agora et assistant de recherches à la Société allemande de politique étrangère (DGAP) de Berlin
Madame Dominique Herbet professeure de l’Université de Lille